Le Parc du Colosse à Saint-André a accueilli plus de 3000 Tropicadingueurs dans une ambiance complètement loufoque. Après deux années d’absence, la Tropica’dingue était de retour les 26 – 27 novembre 2022 au Parc du Colosse à Saint-André pour une 7ème édition. Au menu, 7 km de course et une vingtaine d’obstacles semés d’embûches, véritable parcours du combattant paré de déguisements les plus fous.

A travers champs de cannes, fataques, cocotiers et rivage du Colosse, les obstacles acrobatiques, ludiques s’offraient aux plus téméraires. Par vagues successives sous la voix de l’ambianceur David M. 100 000 volts donnait le ton avec la zumba de Coralie à l’énergie débordante.

Au programme : dépassement de soi. C’est le maître mot de ce type de chevauchée fantastique pour franchir les obstacles aux noms déjantés qui donne envie de se surpasser dans un team building nature. Et c’est là qu’on retrouve les Entreprises à l’image de la CFAO qui avec son slogan « nou lé ford el la puissance avec nou  » a mis les watts en avant. De l’autre côté les équipes de M. Bricolage et de Leroy Merlin se lancent un pari. Le RSMA est venu aussi sur ce parcours de combattant. Un peu plus loin au son du tamouré les filles se déhanchent. Tandis que les gars du CrossFit de la ville du Tampon mettent en avant leurs pectoraux à la Spartacus.

L’éblouissant phénomène des courses à obstacles

Importées des États-Unis au début de la décennie, ces épreuves mêlant performance et ludisme séduisent de plus en plus. Une course à obstacles à l’heure d’Athènes, de décathlon moderne. Toutefois avec plus de vingt obstacles. Disputé sur deux jours consécutifs, et en plein air, ce type de courses comprend des épreuves constituées de sauts, d’escalades, de plongeons, de franchissement de rivières et de rampes. Sans chronomètre.

« L’envie de se prouver qu’on peut le faire et d’augmenter le défi » précise Paulette de l’équipe de Hyundai.

Une grande participation chez les femmes. Une cohésion d’équipe sur le terrain. « La Tropica’dingue se veut plus accessible et parie sur l’entraide et l’aspect ludique, avec déguisements conseillés », précise Stéphane André le boss d’Ilop Sport. Celui-ci porte un avis sur le développement de cette activité dans le futur où il note tout l’investissement qui doit se faire en amont avec plus d’un an de préparation.

Gadiamb : Quelle a été votre stratégie pour mettre cette nouvelle édition, en place après deux années d’interruption ?

Stéphane André : « On a voulu rester pour ce redémarrage sur une formule que l’on maitrise, avec en particulier des modules sur le parcours testés et appréciés par les dingues ! Ensuite la Tropica’dingue c’est un mixte de bonne humeur, de musique, de rire. C’est une épreuve très identifiée avec des codes uniques et je crois qu’à la Réunion nous avons réussi à faire émerger quelque chose d’unique avec une réelle identité ».

Gadiamb : On a constaté une participation élevée des équipes féminines sur le circuit, comment expliquez-vous cela ?
Stéphane André : « C’est exact ; Ce n’est pas nouveau mais le phénomène ne s’inverse pas. L’aspect compétition n’est pas présent au profit de la cohésion et d’une réussite collective… Peut-être la raison. Je laisse les sociologues se pencher sur la question » !

Gadiamb : Quels ont été les points forts et les points faibles de ces deux journées ?
Stéphane André : « Comme toujours une superbe ambiance, dans un cadre qui se prête réellement à cette pratique ! Je ne vois pas de points faibles mais nous savons que nous devrons faire évoluer les modules l’an prochain. On doit retrouver une nouvelle folie à l’approche de la 10ème édition » !

Gadiamb : Il y a eu la Tropica’dingue des Kids il y a quelques années ? Pensez-vous la remettre sur le circuit très prochainement ?
Stéphane André : « Oui, elle est normalement prévue au 1er semestre 2023 ».

Le point du Sociologue Maitre de Conférence
Jean Corneloup, Maître de conférences sociologue à l’université de Grenoble spécialiste des cultures récréatives en nature, note dans ses recherches :

Comment expliquer le phénomène ? « La pratique est d’abord dans la droite ligne de la société individualiste issue des années 1980, analyse Jean Corneloup. Elle repose sur un goût de la performance où il ne s’agit pas seulement d’endurer de la souffrance, mais de prouver son efficacité, sa capacité à se relever, à aller au bout d’un projet. On retrouve là des valeurs entrepreneuriales, et ce n’est pas un hasard si les entreprises présentent aussi des équipes sur ces courses. Ensuite, il y a une dimension postmoderne : on participe à des micro-aventures ludiques où l’on sort de sa zone de confort et où l’on se donne surtout en spectacle, on se met en scène. » La pratique tire d’ailleurs profit des réseaux sociaux, sur lesquels se forment de vraies communautés et fleurissent les photographies des exploits de chacun ».

Un phénomène de société :

« Enfin, dans une société de plus en plus instable et inquiétante, participer est aussi une façon de dire : je suis capable de réagir et de trouver les bonnes réponses pour m’adapter à la mise en tension contemporaine », souligne le sociologue.

Des ressorts sur lesquels jouent les organisateurs qui ne manquent pas de vanter « le retour à la nature », ainsi que « l’esprit de solidarité » qui s’exprime aussi sur leurs courses.

« Il y a certes certaines vertus, notamment en termes de santé dans notre société très sédentaire. Mais, en fait, les pratiquants sont avant tout des consommateurs, note Jean Corneloup. Le lien avec la nature ou le rapport aux autres restent très artificiels, dans le cadre d’une aventure aménagée, sans grande épaisseur culturelle ou créative ». En revanche, l’ambiance et l’entraide sur les parcours restent l’argument d’attractivité phare. Peut-être est-ce le plus encourageant.

La Tropica’Dingue a encore de beaux jours devant elle, devant un public hétéroclite qui savoure ce type de parcours ludique et extravagant.

https://www.pacte-grenoble.fr/membres/jean-corneloup

Texte et photos Gil. Victoire

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