Le 11 décembre, c’était ma fête comme celle de la grande championne de trail, Danielle Séroc, qui a été la 1ère à me la souhaiter, et je lui ai évidemment renvoyé le funiculaire… Mais c’était aussi la Journée Internationale de la Montagne. Au moment où on n’en parle qu’au regard des remontées mécaniques à ouvrir ou pas, il convient de rappeler qu’elle alimente en eau douce 50% de la population mondiale, héberge 12 % de cette dernière, et beaucoup d’espèces d’animaux comme de végétaux, permet les équilibres écologiques essentiels pour la planète… Cet été, nous avons grimpé un sommet pyrénéen emblématique d’une histoire compliquée entre les montagnes et les hommes : le pic d’Ayré.

Dans les années 20, Barèges fut une des premières stations de ski des Pyrénées ; on y montait à pied ou en peaux de phoques ; mais dès 1925, une liaison mécanique, permettant d’accéder au magnifique plateau du Lienz, fut créée, avant que le célèbre funiculaire à 60 places n’opère plus avant pour s’élever sous le pic Ayré, de 1937 jusque l’an 2000…

Alors que nous étions partis, depuis la célèbre auberge « chez Louisette » du plateau du Lienz à l’alti 1500 m, dans l’intention première de nous rendre à l’abri de Packe via le refuge de La Glère, instinctivement, nous quittons ce grand classique qui tangente Le Néouvielle, afin de remonter Tout Shuss en suivant les vieux rails abandonnés. A pied, cette droite est raide qui s’avère même assez physique pour les aguerris à la grimpe que nous sommes… A l’attitude 2000 m, plateau boisé offrant déjà de beaux panoramas, nous laissons la vieille gare déjà en ruines malgré tous les efforts déployés par l’association « Funitoy » depuis 2009 pour la réhabiliter, et remontons la crête jusqu’au col d’Ayré à 2240 m d’alti. Nous suivons alors l’aussi confidentielle qu’erratique sente souvent très exposée à flancs de friables escarpements rocheux, pour rejoindre le pic à 2420 m ; puis, en s’aidant des mains, la crête qui se déploie comme un serpentin de fête au dessus du vide, en multiples sommets secondaires autour des 2500 m…

Drôle d’impression, dans cet univers jadis si fréquenté et aujourd’hui totalement sauvage, de se retrouver comme au dessus d’une termitière désertée ; certaines espèces menacées, tel mon éloigné cousin coq, le Grand Tétras, recouvrent un espace de choix pour s’y refaire la cerise comme nous ; on a de là une idée de ce que pourrait redevenir la planète quand la nature aurait repris ses droits, les extravagances humaines passées…

Texte et photos Daniel Guyot

   Envoyer l'article en PDF   
Article précédentFootball | Stage de gardien avec Melvin Adrien.
Article suivantLe traileur Thierry Técher est décédé
Daniel Guyot est le recordman absolu en termes de Diagonales achevées. En trente ans de grandes traversées depuis la Marche des Cimes, il est le trailer le plus assidu. A 60 ans, Daniel Guyot aura passé la moitié de son existence à courir après celle qui affole son palpitant depuis trois décennies. Une certaine Dame Diagonale. L'histoire de La Réunion étant intimement liée à celle de la Bretagne depuis les origines, il n'est finalement pas si étonnant que ça qu'un Breton le soit également à celles du Grand Raid.

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrer votre commentaire!
Veuillez entrez votre nom ici