Le « flanker » réunionnais Wenceslas Lauret, désormais titulaire à part entière du XV de France, se projette sur la coupe du monde 2019 au Japon (20 septembre-2 novembre).

Il a souvent joué les utilités avec les précédents sélectionneurs du XV de France – 2 sélections avec Marc Lièvremont en 2010, ses débuts tricolores, 6 avec Philippe Saint-André, 4 avec Guy Novès – mais il est désormais un homme de base du squad de Jacques Brunel. Wenceslas Lauret, 30 ans, au Racing 92 depuis 2013, est devenu quasi incontournable en bleu. Absent lors de la déroute à Twickenham (44-8), il a réalisé un match plein contre l’Ecosse, sans doute son meilleur, avant de se blesser en Irlande, ligament latéral du genou droit touché. Le Réunionnais reste en course pour le Mondial japonais.

Wenceslas Lauret, vous avez un parcours atypique pour un rugbyman, vous n’avez découvert l’ovalie qu’assez tardivement.

« En effet. Je suis né à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, suis originaire d’Hourc, sa proche banlieue, et j’ai débuté le rugby vers 12-13 ans, à Pouyastruc, en première année minime. C’est assez tard. Ensuite, ça a été très vite. Le championnat de France Ufolep, l’entrée au pôle France de Marcoussis et  mon arrivée au Biarritz Olympique, à 16 ans. Je suis venu au rugby un peu par hasard, grâce à un ami ».

Vous êtes d’origine réunionnaise mais vous avez découvert l’île, là aussi, assez tardivement…

« Tout à fait. Ma mère est Réunionnaise, native de Saint-Joseph, mon père de Saint-Benoît, et vivait dans le Sud-Ouest. Ils sont partis très tôt en métropole. Je n’ai foulé le sol de La Réunion qu’en 2010, donc à 21 ans, mais j’ai toujours baigné dans la culture réunionnaise ».

Serge Betsen, mon modèle

Au Pays basque, où vous faites vos premières armes dans le Top 14, aviez-vous un modèle ?

« J’ai toujours admiré Serge Betsen, troisième ligne comme moi. Un vrai battant sur le terrain, un guerrier qui ne renonce jamais. J’avais pratiqué divers sports avant le rugby, j’ai toujours eu un faible pour les combattants. Serge, joueur d’origine africaine, symbolise cela à merveille ».

Lorsque vous arrivez au Racing Paris 92, vous vous imposez rapidement en tant que titulaire malgré la concurrence. Quelles ont été vos qualités pour devenir incontournable ?

« Je pense que mon jeu a évolué au fil des saisons. De plaqueur-gratteur [Lauret est numéro 6, troisième ligne aile, appelé également flanker], je suis devenu plus complet. Je cours plus, je fais des passes et je marque quelques essais [3 en 2017/2018 »].

De votre première cape en équipe de France, en 2010, jusqu’à aujourd’hui, votre parcours a connu des hauts et des bas, jusqu’à cette saison où vous êtes appelé régulièrement par Jacques Brunel. Comment expliquez-vous cela ?

« J’ai été appelé pour la première fois en 2010 par Marc Lièvremont pour la tournée en Afrique du Sud. Episodiquement, jusqu’à cette année, c’est vrai. Je profite de mon bon comportement en club. Et aussi du fait que Jacques Brunel fait preuve de plus de stabilité dans ses choix. En vue de la coupe du monde au Japon l’année prochaine, on se doit de ne pas tout remettre en question à chaque occasion. Mais il ne faut jamais tenir ce qu’on a aujourd’hui pour acquis ».

Cuisine et musique péi

Avec le Racing, c’est une histoire d’amour qui va durer…

« C’est vrai. J’ai signé en 2013 mon premier contrat pro et j’ai prolongé récemment jusqu’en 2023. Et je pense que je vais me retirer des terrains à cette date. En juin 2023, j’aurai 34 ans. Je suis arrivé au Racing dans une équipe en reconstruction. On a grandi ensemble, on a frôlé des titres, on a été champions en 2016. Et on va tout faire pour en regagner ».

Vous n’avez pas été de la tournée en Nouvelle-Zélande en juin. Le regrettez-vous ?

« Non. Parce que je ne pouvais raisonnablement pas y aller. J’ai beaucoup joué en 2017/2018 [19 matches de Top 14, 8 matches de coups d’Europe, 5 du tournoi des VI Nations] et le repos m’a fait du bien. D’autant que mon épousé a accouché de jumeaux à la même période, il fallait que je reste auprès d’elle ».

Vous êtes attaché à la culture réunionnaise. De quelle manière ?

« J’ai été élevé avec. J’aime la cuisine réunionnaise, boucané bringelles, cari camarons ou cari ti’jacques que je peux manger dans un restaurant du XVe arrondissement. J’aime la musique réunionnaise, le séga ou le maloya. J’écoute la nouvelle génération de chanteurs mais j’ai aussi grandi avec Ousanousava, Ti Fock et Danyèl Waro. J’essaie à ne pas me limiter à un type de musique ou de chanteurs ».

L’avenir immédiat, c’est la coupe du monde au Japon…

« Oui, mais il faut d’abord être bon en club, ne pas se blesser. Ensuite être à la hauteur en équipe de France. Et en ce moment, ce n’est pas facile. On est parvenu à relever la tête après la lourde défaite en Angleterre. Mais dans le rugby, tout peut aller très vit »e.

Illustration ti Coq
Propos recueillis par Jean Baptiste Cadet

30 ans, 3e ligne du Racing 92, 22 sélections en équipe de France

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