Nous poursuivons l’entretien avec le directeur de la performance du surf français revient sur le parcours de l’équipe de France aux Jeux de Tokyo-2020, tire les enseignements de cette première participation et se projette forcément déjà sur Paris-2024. Confidences.

Vous avez vécu des Jeux à distance puisque vous étiez à 100 km de Tokyo et que vous n’y avez pas mis les pieds hormis lors de la dernière journée…

J’aurais aimé que l’équipe puissent partager davantage avec les autres athlètes de tous les autres sports. Je les ai vus regarder tous les Jeux à la télé à notre hôtel. C’est magnifique la solidarité de toutes les équipes de France olympiques. On aurait aimé pouvoir aller dans les stades, les gymnases, … Notre parcours s’est résumé à : aéroport, hôtel, compétition, hôtel, aéroport. Heureusement, on a pu faire une boucle le dernier jour au village et au Club France. Je veux noter la dignité incroyable et l’engagement du peuple japonais qui a continué à organiser ces jeux parfaitement.

L’émotion des Jeux était palpable le dernier jour avec les finales et la cérémonie des médailles. Un moment unique pour les surfeurs et les délégations qui étaient tous restés sur le site pour vivre ce moment unique…

Oui. Même si on n’a pas vu d’autres sports, on a quand même vécu les Jeux Olympiques sur leur site de compétition de surf. Et on a connu beaucoup d’émotions. J’ai vu le président de la fédération internationale, Fernando Aguerre, pleurer de joie lors de la remise des médailles, et je le comprends. J’ai lu sur le visage de tous surfeurs qui ont fait ces Jeux ce que ça représentait d’être médaillé olympique. Il y a de la fierté pour nous, athlètes et staff, d’être la première équipe de France olympique. Je le mesure personnellement depuis longtemps, et je suis très fier de faire partie de cette équipe. Fier d’avoir accompagné nos quatre athlètes au Japon. Merci à eux d’avoir défendu les couleurs de la France.

Comment allez-vous gérer le temps olympique qui demande des préparations sur le long, voire le très long terme ?

On est en train de basculer vers ce temps olympique. Tout le monde commence à se rendre compte de ce que va peser l’olympisme pour le surf. Les athlètes vont aborder différemment leur projet de carrière et sa planification. Avant les JO n’étaient pas une priorité pour beaucoup. Les surfeurs qui sont sur le tour mondial depuis longtemps n’avaient sans doute pas perçu la grandeur des Jeux. Les Jeux vont devenir la priorité pour certains. Il va falloir que l’ISA et la WSL règlent certaines choses entre elles, et tout le monde va devoir fournir des efforts.
Il va bien sûr falloir trouver un équilibre avec le circuit professionnel. Pour être performant aux JO, la confrontation de très haut niveau est incontournable. Et les compétitions de la WSL sont les seules à offrir cette confrontation à l’année. On a mis en place depuis 4 ans une cellule d’accompagnement sur les circuits CT et QS. Nos techniciens vont continuer à superviser et accompagner nos athlètes. Les championnats du monde ISA resteront un passage obligé. C’est une répétition du format olympique. Ça fait partie du chemin vers les Jeux.

Pourquoi le surf, professionnel depuis plus de 30 ans, ferait des Jeux Olympiques une compétition incontournable, alors que le tennis ou le golf n’en font pas une priorité ?

Les meilleurs surfeurs du monde sont venus aux JO pour gagner. Je pense qu’on est un sport qui n’est pas encore reconnu à sa réelle valeur. Le CT reste important sur les nouveaux médias, et n’oublions pas que le Live de la WSL a été avant-gardiste par rapport aux autres sports. Cependant, le média traditionnel télé ne s’était pas rendu compte de l’importance du spectacle et de l’émotion que peut créer le surf en direct. Les JO viennent de le prouver et Teahupo’o va le prouver encore plus. Et puis l’émotion des surfeurs ne trompe pas. J’ai vu Italo Ferreira pleurer, Carissa Moore pleurer, Owen Wright pleurer pour sa médaille de bronze. Les meilleurs surfeurs du monde ont compris ce qu’étaient les JO.

Les JO font définitivement entrer le surf dans une autre ère. Avec 2024 qui arrive très vite mais aussi les horizons Los Angeles 2028 et Brisbane 2032, que va faire la Fédération pour préparer sa relève ?

Notre difficulté est qu’il va falloir composer à chaque fois avec des schémas différents : beach break, reef, point break… C’est ce qui fait la beauté du surf. Il faut savoir s’adapter. Le futur du surf français est que nos surfeurs sachent surfer tous les types de vague. On la chance en France métropolitaine et à l’outremer d’avoir toutes les vagues. On a des territoires incroyables. Mais on n’a pas de gros réservoir de surfeurs. On concurrence des pays qui ont des réservoirs de surfeurs 100 ou 1000 fois supérieur au nôtre.
On n’est pas ridicules mais, à chaque compétition, on n’a pas le droit à l’erreur. On doit notamment construire derrière Michel et Jérémy, Pauline et Johanne. Le niveau mondial évolue vers le haut. La progression est permanente et on doit s’accrocher, créer et construire, observer notre filière, l’accompagner. Les meilleurs jeunes seront aussi en stage à Tahiti pour construire avec eux.

Photos FFS

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