Dans des vagues médiocres, grossissant légèrement dans l’après-midi pour faire à peine plus d’un mètre avec un vent de mer, les quatre Français engagés sur les premiers Jeux Olympiques de l’histoire du surf ont réussi à tous se qualifier pour les 8es de finale après une journée marathon de 8 heures.
Si Johanne Defay et Michel Bourez sont passés directement du 1er tour aux 8es, Jérémy Florès et Pauline Ado ont eu besoin des repêchages pour les rejoindre. Un stress et une série supplémentaires mais qui, finalement, auront apporté beaucoup car il leur a fallu se sortir les tripes pour y arriver. Les 8es se disputeront ce mardi à Tsurigasaki beach où les vagues devraient être plus grosses.

Mission remplie pour l’équipe de France de surf qui voulait avant tout survivre à cette première longue journée de compétition. Qui voulait aussi ne pas rater la première marche et avancer en groupe pour la motivation. Pour l’honneur.
Johanne Defay est en 8es de finale et c’est tout à fait normal. N.2 mondiale, la Française fait partie des favorites à la médaille et ce premier tour de chauffe a confirmé qu’elle était dans le rythme. Si elle n’a pas eu beaucoup d’opportunités, la Française a assuré avec deux vagues autour de la moyenne (4,93 et 5,67). Elle se qualifie ainsi dans le sillage de la Brésilienne Tatiana Weston-Webb très dynamique dans ces petites conditions.

Johanne Defay tient son rang
Évidemment, Defay a regardé quelques fois dans le rétroviseur pour ne pas craindre une mauvaise surprise. Ces deux meilleures vagues prises à la mi-temps de la série l’ont toutefois permis de tenir à distance la Péruvienne Sofia Mulanovich, laquelle aurait eu besoin de décrocher un 6,50 pts pour la doubler. Sans doute accablée par la pression de surfer à la maison, la Japonaise Amuro Tsuzuki est, elle, restée en dernière position de la série tout du long. Au tour suivant, la Réunionnaise sera opposée à la jeune portugaise Yolanda Hopkins. Une formalité diront certains. Defay est trop expérimentée pour tomber dans le piège du complexe de supériorité.
Michel Bourez est parvenu à s’extirper d’une série piège dès le 1er tour, composée du double champion du monde brésilien Gabriel Medina et de l’aérien allemand Leon Glatzer. Une série à trois car le Costaricien Carlos Munoz, remplaçant de dernière minute suite au forfait du Portugais Frederico Morais, n’est pas arrivé à temps pour le 1er tour. Pourtant plus à l’aise dans des vagues d’une taille acceptable, le Tahitien est parvenu à trouver les bonnes ouvertures pour exprimer son surf surpuissant. Notamment sur cette longue gauche qu’il a martyrisée avec un énorme roller de dos après un bottom sur le rail (5,53 pts). A montrer dans les écoles. D’abord en tête de la série, Bourez s’est fait doubler à 10 minutes du final par Medina et sa succession de vague à une manœuvre : l’air reverse qu’il maîtrise parfaitement.

Michel Bourez n’a pas tremblé
Sous la menace de Glatzer, Bourez a passé les 5 dernières minutes dans le sillage de l’Allemand pour lui mettre la pression. Et, finalement, se qualifier en toute logique pour les 8es. Au tour prochain, Bourez sera opposé au Marocain Ramzi Boukhiam, lequel a créé la surprise du jour en envoyant le champion du monde américain et grand favori John John Florence en repêchages. Ce sera un duel de (très) costaud dans, on l’espère pour le coup, des vagues plus grosses. Le Français est favori sur le papier mais le Marocain, qui réside à Anglet au Pays basque, a démontré qu’il surfait sans pression et qu’il était capable de tout. Le vainqueur s’ouvrira les portes des quarts de finale.

Jérémy Florès revient de très loin
Premier Français à l’eau ce dimanche, Jérémy Florès est apparu contrarié par les petites conditions et, surtout, un plan d’eau complètement différent de celui des jours précédents, avec un vent de mer et du clapot. Son choix de vagues n’a pas été concluant, laissant à ses adversaires les meilleures opportunités, notamment le Japonais Kanoa Igarashi auteur de deux vagues au-dessus des 6 points. Mais aussi le surprenant Péruvien Miguel Tudela (10,67 pts de total).
Versé en repêchages, le Réunionnais n’avait plus d’autre choix que de lâcher les chevaux. Pourtant peu à son aise quand les vagues sont petites, le n.1 français s’est sorti les tripes pour ne pas s’arrêter prématurément. Dans une série inédite à 5 surfeurs, du jamais vu au plus haut niveau international, mais tout de même composée de 3 surfeurs du CT (Julian Wilson, Leo Fioravanti et Florès), il a choisi son option au sud de la plage, contre la jetée.

… Et sera opposé à Owen Wright
A 15 minutes du final, il était pourtant 5e et éliminé. Avant de trouver une belle et longue droite sur laquelle, il plaçait un énorme virage slidé, puis un floater et une combinaison de deux manœuvres radicales qui lui rapportait 6 pts tout rond et le fait passer à la 2e place, derrière l’Italien Fioravanti. Sous la menace des trois autres surfeurs et alors que tout le monde se tenait en moins de 2 points dans les 5 dernières minutes, Florès contrôlait finalement la fin du heat tranquillement et pouvait souffler. La nuit prochaine, il retrouvera un vieil ami en la personne de l’Australien Owen Wright. Une place en quarts est en jeu.

Pauline Ado retrouve Sally Fitzgibbons en 8es
Quant à Pauline Ado, elle est aussi passée à côté de sa série du premier tour en matinée. Un peu perdue sur le plan d’eau, elle a pris l’option de patienter et d’assurer ses vagues plutôt que de s’y engager. Punie pour son manque d’audace, elle s’est retrouvée en repêchages. Dans des vagues un poil plus grosses en milieu d’après-midi au Japon, la Basque a retrouvé son dynamisme et a mis plus de radicalité dans son surf. Les points sont alors tombés et elle a pu tranquillement gérer sa série, sans trop de stress tout du long des 30 minutes. Elle termine juste derrière la Portugaise Yolanda Hopkins et c’est plutôt une bonne chose car elle s’évite ainsi de retrouver Defay en 8es. Ce sera l’Australienne Sally Fitzgibbons, championne du monde ISA le mois dernier au Salvador. Un sacrée morceau mais à ce niveau et aux Jeux, il n’y plus de série facile.
Pauline Ado devra juste se souvenir qu’en 2004, Fitzgibbons était archi favorite et avait neuf doigts sur le trophée de championne du monde junior. Avant qu’elle ne la dépasse dans le money time.
Duel 100% américain chez les messieurs
Après un premier tour de chauffe et d’écrémage, place désormais à un format classique de un contre un. A ce stade, et dans des vagues conformes à ce qu’on espère depuis plusieurs jours, on peut envisager une nouvelle belle journée pour le surf français.
Outre les quatre séries tricolores qui nous intéressent au premier chef, plusieurs duels sont excitants. Chez les femmes, on soulignera ceux qui mettront aux prises Stephanie Gilmore (Australie) à Bianca Buitendag (Afrique du Sud), et Caroline Marks (USA) à Mahina Maeda (Japon). Chez les messieurs, La série des 8es et le duel 100% américain entre Kolohe Andino (USA) et John John Florence (USA). La faute à Florence qui est passé par les repêchages. La série entre Gabriel Medina (Brésil) et Julian Wilson (Australie) sera aussi très chaude.

Texte et photos FFS

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