Le kitesurf est un sport de glisse consistant à évoluer avec une planche à la surface d’une étendue d’eau en étant tracté par un cerf-volant (kite en anglais) spécialement adapté, nommé aile ou voile. Ce sport très en vogue à La réunion et à l’Ile Maurice a pris son essor au début des années 2000.
Le kitesurfeur, muni d’un harnais, est relié à l’aile par des lignes de traction (généralement au nombre de 4 ou 5). Il pilote à l’aide d’une barre sur laquelle sont reliées les lignes. Cette barre sert d’accélérateur en fonction de la puissance du vent. Les modes et règles de navigation sont ceux de la navigation à voile.
Si en 2018 le matériel le plus couramment utilisé reste la planche symétrique ou twin-tip et l’aile rigidifiée par des boudins gonflables, il existe de plus en plus de solutions selon le type de navigation voulue : planches directionnelles (type surf) pour les vagues, planches à foil, ailes à caissons auto-gonflables, fermés ou ouverts.
Vers les années 1970, plusieurs inventeurs déposent des demandes de brevets pour des voiles de traction aériennes : Arnaud de Rosnay et son parafoil en 1979, lors de la préparation de sa traversée entre les îles Marquises et les îles Tuamotu[réf. nécessaire], John Bridge pour un spinnaker aérien le 7 mai 19798, Dieter Strasilla pour une voile de traction commandée le 16 août 19799 ou British Petroleum pour une voile suspentée marine le 21 mai 198110. À la suite d’un travail d’expérimentation pour améliorer la voile, les frères quimperois Dominique et Bruno Legaignoux déposent le brevet de l’aile courbe à structure gonflable le 16 novembre 198411.
En 1992, Laurent Ness (champion de France 1997 de char à cerf-volant) se fait tracter par un cerf-volant delta sur une planche de funboard à La Grande-Motte. Bill et Cory Roeseler inventent le Kiteski, ski nautique tracté par cerf-volant, qu’ils commercialisent en 199412.
Les frères Legaignoux créent la société Wipika en 1993 pour commercialiser un petit bateau gonflable accompagné d’une aile de traction. Ils l’arrêtent en 1995 mais Emmanuel Bertin teste leurs voiles à Mauiavec Laird Hamilton. En février 1997, il fait la une de Wind Magazine, magazine de planche à voile tiré à 70 000 exemplaires, sur les vagues de Hawaï. Raphaël Salles utilise des petites planche de funboard en 1998-1999 avec la mise au point de Laurent Ness, puis Franz Olry a fait progresser les twin-tip qui ont démocratisé l’usage du sport13.
Dominique et Bruno Legaignoux lancent Wipika en juin 1997 pour commercialiser des barres de traction et ailes produites par NeilPryde parapente en France, fabrication transférée en 1998 chez Lam Sails, fabricant de parapente en Chine. Une licence est accordée à Naish en 1999, NeilPryde en 2000 puis Slingshot, Ricci et Bic avec Takoon en 2003. Les ventes d’ailes sont passées de 100 exemplaires en 1997 à 500 en 1998, 2 000 en 1999, 6 000 en 2000, 15 000 en 2001, environ 100 000 en 2010. Il y a 30 pratiquants en 1996 mais le nombre d’élèves passe de 500 en 1998 à 4 000 en 2001. Le premier championnat international a lieu en 2000 et le premier français, de freestyle, a lieu en 2001. Il y avait 12 000 pratiquants en France en 201013, 13 000 licenciés en 2011 et entre 25 000 et 30 000 kitesurfers en France.
En 1995, la Fédération française de vol libre accepte de prendre la délégation du ministère des sports pour le cerf-volant dont le kitesurf encore peu développé fait partie et en 1998 elle crée la formation de moniteur : il y en a 258 en 2010 dont depuis 2003, 155 d’entre eux ayant un BPJEPS, brevet d’État. En 2002, la Fédération française de voile envisage de prendre la délégation pour le kitesurf mais le ministère de la Jeunesse et des Sports renouvelle la délégation de la gestion à la FFVL le 3 janvier 2003. En novembre 2001, L’International Kiteboarding Organisation est issu du Wipika School Network établi en 1999. Lors du développement de 2000 à 2003, quelques accidents mortels incitent la FFVL à établir une norme pour les sécurités publiée par l’Afnor en 2005 : un largueur de barre qui neutralise l’aile puis un second largueur de voile en cas extrême. Les ailes continuent à s’améliorer de 2003 à 2009 : en 2005, l’aile de type bow permet une traction plus équilibrée13.
Des sports comparables utilisent des cerfs-volants de traction avec d’autres véhicules : sur l’eau avec des embarcations plus importantes comme des canoës kayak ou des catamarans, sur neige avec le snowkite, sur terre avec un mountainboard, avec un petit char à cerf-volant où l’on est assis ou encore avec des patins à roulettes équipés de pneumatiques. Après avoir été annoncé en régate homme et femme en remplacement du windsurf pour les Jeux olympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro par la fédérérion internationale de voile au profit de la planche à voile. Ce n’est peut-être que partie remise.
Photos : Pierre Marchal