Concernant cette problématique de la sécurité ramenée à l’Ultra-Trail dont notre île est pionnière, et en est devenue l’altier phare rayonnant loin comme l’Everest, la longue expérience sur plus de 30 ans de l’Association Grand Raid est assez exemplaire : créneau de l’année le mieux adapté au regard des aléas tropicaux, tracé remanié en fonction des risques, multiples préventions, nécessité de valider 2 courses de 85 pts (1 par km et par 100 D+), encadrements de terrain (bénévoles formés, suivi informatisé, balisage renforcé, personnel médical étoffé, implication active d’un directeur de course expert, guide de montagne option milieu tropical, vainqueur de l’édition 2007…), relais d’études scientifiques sur l’état des traileurs avant et après l’épreuve… On peut dire qu’un effort significatif de moyens est consenti pour la sécurité.

Marc Batard reste un alpiniste d’exception -1ère ascension de l’Everest en solo, sans oxygène, en moins de 24 heures, 1988 – qui met aussi sa grande expérience au service d’une perspective humaniste dans le rapport à la Haute Montagne, visant notamment à en réduire l’accidentologie préoccupante ; ce qui fait réagir des professionnels de l’accompagnement en grimpe aux sommets, craignant tant une remise en cause de leurs compétences que l’avenir de leur boulot en cas de règles restrictives, l’engouement de la clientèle n’étant pas sans évoquer celle pour le trail… Si les urgences vitales y sont proportionnellement moindres, nombre de coachs plus ou moins patentés amènent beaucoup trop de raideurs à potentiellement ruiner leur corps. Totalisant le plus d’arrivées en Diag’ des Fous sans aucun abandon ni la moindre blessure, face à mes options tempérantes -, en particulier de ne pas se jeter inconsidérément dans les descentes techniques, de rester au maximum autonome, d’évaluer ses vraies capacités pour y adapter ses propres allures, de se dispenser des artifices à la mode, de privilégier un volume d’entraînement par des sorties longues en toutes conditions (pluie, froid, nuit, altitude), de s’aguerrir si possible en Haute Montagne (ce que je fais en juillet/août dans les techniques Pyrénées), etc., je reçois aussi des oppositions provenant du système en vogue…

A rebours d’une tendance à la primauté d’exercices spécifiques, j’ai invariablement soutenu que l’option d’un profil « Montagnard » était la plus sûre pour l’Ultra-Trail. Avoir été confronté aux conditions et terrains difficiles aux sommets, blinde pour cavaler dans les « montagnes à vaches »… Les méthodes élaborées par des coachs expérimentés – et nous avons à La Réunion Eric Lacroix qui s’avère un extraordinaire entraîneur pour l’élite – sont-elles vraiment transposables à la masse, sans risques pour ceux qui n’auraient pas les meilleures dispositions natives, ni une expérience suffisante de terrain? Cf. « Guide d’entraînement à l’Ultra-Trail, l’exemple : Le Grand Raid ». L’Ultra-Trail descendrait-il plus de l’athlétisme que du trek/alpinisme ? Marc Batard, alias « Le Sprinter de l’Everest », a fait montre de capacités supérieures à celle de Kilian Jornet en très haute altitude (la fameuse « zone de la mort » au-dessus des 7 000 m), alors que ce dernier ne s’avère plus rapide qu’en moyenne montagne actuellement ; en 1988, l’Ultra-Trail n’existait pas, né à La Réunion de la « Marche des Cimes » de 1989, 1er nom qui descend clairement de l’alpinisme.

On pense aujourd’hui que le trail n’est qu’une déclinaison de la course à pied, un jogging en montagne. Je ne crois guère à l’estimation d’une fourchette de temps au GRR à partir de son chrono au 10 km ; en revanche, je sais qu’un bon marcheur faisant la HRP (Haute Route des Pyrénées) le finira facilement. Un traditionnel berger aura également toutes ses chances pour y parvenir (comme le fit le père de Benoît Laval, sans entraînement)… Orienté par le système néolibéral, composé d’une majorité de CSP+ (cadres et employés citadins, Cf. stats d’Olivier Bessy), l’Ultra-Trail contemporain aura fini par obéir à une représentation bourgeoise dominante, dans le déni de la rusticité de ses origines (valeurs beatniks, retour à une existence simple, à la nature sauvage, dans une forme d’animalité endurante) au profit du performatif technologique qui occulte le pragmatisme, la responsabilité, l’ancestrale expérience de terrain, le subtil mariage de l’instinct et de la raison…

Déconnexion du réel

Le hiatus dans le simple fait que l’espace le plus sauvage, voire hostile, de la terre soit sportivement investi par une part grandissante, déjà aux 2/3 en col blanc, a d’emblée deux conséquences :
– une déconnexion du réel avec un penchant pour le factice, d’où des risques accrus,
– une action de santé ne bénéficiant pas à la population qui en aurait le plus besoin.
En outre, avec l’économie inflationniste, les CSP- vont être graduellement évincées : combien garderont les moyens d’acheter les articles de bases, chaussures et sacs, à 200 € l’unité, de s’acquitter des droits d’inscriptions aux courses, jusqu’à près d’1 an à l’avance, à 2 € le km, voire beaucoup plus (UTMB) ? Combien voyageront pour aller choper des « running-stones » ? Ces CSP- avaient pourtant, majoritairement, les boulots les plus physiques qui sollicitent le corps et prédisposent aux efforts d’endurance. La paysannerie d’antan (dont je suis issu), ayant aujourd’hui quasi disparu, avait les meilleurs atouts. Les « méthodologistes » peuvent sans doute apporter un plus, mais sur la base d’un solide « foncier » qui fait de plus en plus défaut.

En tout cas, à La Réunion, ce sont de costauds militaires qui ont initié autant la course sur route que l’Ultra-Trail, le premier ayant été gagné par un membre du PGHM, Gilles Trousselier (montagnard plus que coureur )… Les « 100 km de la Gendarmerie » et le « Tour de l’île pédestre » furent mis en place par de sportifs officiers militaires ; un peu plus tard, d’autres expérimenteront eux-mêmes sur le terrain, avec des moyens rustiques, la traversée de l’île… Autant dire qu’un socle solide et rigoureux initia l’Ultra-Trail européen, dont les organisateurs avaient au cœur de leurs missions ordinaires, une préoccupation de sécurité. Ils avaient une formation de très haut niveau, montraient l’exemple, étudiaient les possibles, testaient les courses avant de les ouvrir au public… Qu’en est-il aujourd’hui ?

« Le Canard enchaîné » mais non encordé aux systèmes avec le style qu’on lui connaît, a le mérite de poser le problème de la prise en charge des clients pour la Haute Montagne, dans son édition du 14 février 24, qui titre sur une mise en cause de la sécurité en hors piste et alpinisme ; s’agissant du trail -, les risques d’intéressements y étant autrement plus importants -, il devient bien difficile d’aller contre la mainmise de la magie des marques, et plus généralement toute l’économie basée sur le culte performatif pour tous, y compris celle des conséquences d’une casse à plus ou moins long terme, des corps considérés comme des machines, bénéficiant au paramédical… On peut faire comme moi une centaine de traversées (Diag’, P.M., 97.4, AR persos) en se renforçant le squelette, et se le détruire en une seule, faite inconsidérément, qui bousille ménisques, colonne, etc.) Quoiqu’il se passe en coulisses, show must go on !

« Il y a une omerta générale pour empêcher une remise en question qui pourrait sauver des vies », déclare clairement Marc dans l’article, s’agissant des guides et moniteurs sortis de l’ENSA (Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme). Le monde du trail déplore aussi des morts, mais au regard de la masse d’inscrits, ils restent plutôt rares sur les courses en France (2 chutes et un arrêt cardiaque pour 34 Diagonales), – aucun drame tel que sur le Gansu 100 km en Chine, 21 morts – néanmoins un peu plus nombreux lors des entraînements. S’agissant des évacuations et des blessés dans les sentiers, tout n’est pas si transparent, mais les informations qu’on parvient à obtenir montrent qu’ils sont plutôt trop nombreux… Si les accidents en Haute Montagne se révèlent de manière quasi immédiate et très médiatisée, avec des bilans précis, des enquêtes…, en revanche, les atteintes multiformes aux corps des traileurs sont larvées, banalisées, voire ignorées. On met toute la lumière sur les héros ; les finishers se congratulent ostensiblement ; mais on ne sait pas grand-chose, sauf confidences entre connaissances, sur le sort des classiques 30% d’abandons (en diminution sur la Diag’), excepté pour quelques élites. On sait un jour que Kilian Jornet a mal au genou, un autre, que Benat Marmissolle est soigné pour rhabdomyolyse, mais rien pour X ou Y qui se sont foirés les reins à vie… Je suis parvenu dans une catégorie Master où je constate des dégâts derrière moi ; je déplore que trop d’amis ne puissent plus partager la montagne avec moi.

Coopération humaniste

Plus que les qualités des parcours, la santé, la sécurité, la coopération humaniste, la Nature et ses éléments, compteraient désormais les tee-shirts collectors et les médailles bling-bling, agités par des influenceurs épiciers. Ne sachant rien du terrain, ils tentent pourtant de prendre le pouvoir sur le monde du trail. Si « dans le cochon tout est bon », chez les traileurs, tout ferait du beurre, nourris d’une incitation aux mythologies personnelles en réseaux, d’une culture hors-sol s’agissant paradoxalement de pratiquer le terrain, et de la consommation mondialisée, quitte à se mettre en danger… J’utilise le conditionnel car je veux croire en une résistance positive du trail sur la base de ses valeurs fondatrices, mais des dérives existent déjà pour des traileurs captifs, et on en a même connu pas mal, déguisés de la tête aux pieds en Kilian Jornet (ignorant les capacités exceptionnelles de ce dernier comme son entraînement Hors Normes sur les toits du monde), prêts à partir faire leur footing au Mont Blanc… Et même d’excellents traileurs sont hélas décédés sur ses pentes, tel le jeune breton Matthieu Craff, préparant la Diag’ 2017 après avoir terminé sur le podium du TDB en 2016…

Il y a certes le cas du mondain parisien – qui troque néanmoins souvent la butte Montmartre contre de vraies montagnes – Alexandre Boucheix, alias « Casquette Verte », mais laisser croire à de plus en plus de citadins qu’il suffirait d’un entraînement (péri-)urbain, en club, sans une pratique assidue de la montagne, ne semble pas raisonnable. L’exigence de courses qualificatives pour s’inscrire à l’Ultra-Trail a été une excellente mesure mais ce n’est pas une garantie. Si je cours 2 épreuves de 100 km chemins, suis-je blindé pour faire la Diag’ ? Des dispositions complémentaires pourraient être explorées afin de renforcer les aptitudes ; et si une préparation par des entraînements adaptés est nécessaire, il serait opportun qu’en parallèle, une sensibilisation préventive aux impacts sur la santé, au secourisme en montagne, à l’usage inconsidéré de certains produits – tout un sujet… -, etc., soit élaborée.

Fin décembre 2023, le PGHM Réunion constatant, je le cite, « une recrudescence réelle et préoccupante des accidents en montagne », transmettait aux médias un communiqué pour rappeler à tous, les règles élémentaires à respecter. Dès 2015, le nombre d’interventions a augmenté sensiblement : près de 600 contre 480 l’année d’avant, chiffres donnés par le Lieutenant Guy Le Nevé, commandant alors le peloton. Rien que pour la Diag’ 2022 – malgré tous les efforts significatifs du comité organisateur pour une sécurité optimale – le PGHM a dû secourir 23 personnes ; sur l’édition 2023, concernant la seule journée du samedi (de 5h30 à 20h30), 19 secours dont 15 raideurs et 4 randonneurs hors course ; chiffres donnés par le Lieutenant David Fuentes, commandant actuel du peloton. On ne saurait donc nier la nécessité d’un progrès dans l’intérêt de tous en montagne…

« La montagne en partage » serait donc aussi un bon thème de dialogue, pour nous. De concevoir un itinéraire plus sûr pour grimper le sommet emblématique, l’Everest, à penser des voies alternatives dans les rapports des hommes à toutes les montagnes, dans toutes leurs pratiques, il n’y a symboliquement qu’un pas. Ecouter des voix différentes, avisées, pour des voies plus prudentes, assurées… Tout le monde ne saurait être libre et responsable en montagne : du rêve par les temps qui courent ; les expérimentés puristes doivent avoir conscience que l’engouement massif exige une prévention dont ils sont les premiers habilités à parler. Le vrai exploit en alpinisme n’est pas d’atteindre tel sommet mais d’en revenir vivant avec l’intégrité de ses abattis, – leçon de Louis Lachenal à Maurice Herzog – comme la réelle réussite d’un trail est de le terminer en forme, en tout cas sans blessure ni état pathologique, (épuisements, hallucinations, strappings massifs, claudications… Et là, il y a de quoi faire).

Même s’il ne faudrait pas être trop naïf sur les récentes intentions de repenser l’Ultra par les Kilian Jornet et Zach Miller – le PTRA (Pro Trail Runners Association), sorte de « syndicat » élite ne concernant pas la masse des figurants qui font les évènements portant les héros -, on a vu comment le système entrepreneurial mondialisé les a très vites désamorcées… Il en résulte même une plus grande file d’attente aux portes de l’UTMB, évoquant celle qui s’allonge aussi graduellement sur l’arête sommitale de l’Everest… Un vrai dialogue sur d’autres potentielles « pentes glissantes » n’est pas encore de mise dans le monde du trail. Des organisations se montrent vigilantes et préventives. Par exemple, la Diagonale ne descend plus par le mur de Kerveguen. En revanche, d’autres inaugurent dans le même temps, des itinéraires qui n’étaient pas dédiés à y courir, tel le « sentier des cordistes »… On a vu des courses se lancer alors que des ravines gonflaient dangereusement, le passage de centaines de piétinements malaxant des boues liquides avec des risques de leptospirose, tout en détruisant les sentes ; tout cela étant restitué avec légèreté, sans prise de conscience, sur les réseaux.

L’UTMB est très facile, dont les voies empruntées (au sens propre) ne posent aucun pb, seule la vitesse y pouvant user. Mais sur notre pionnière cathédrale du trail armée de ses hautes flèches, l’une fumante, l’autre ruisselante, de leur sortie océanique, le « toujours plus » épiphanique motivant par exemple l’intrépide projet Ultra Trail des Géants, au regard de l’expérimentée Diagonale, aurait d’emblée conduit à emprunter une voie fort délicate – de Grand Coude au Morne Langevin – qui ne semblait pas appropriée à l’Ultra-Trail ; je l’avais écrit et rappelé, bien avant que Le Quotidien du 21 fév., ne mentionne une nouvelle entame, reprenant le précédent parcours de la Diag’ depuis St Philippe (alors que le projet initial est toujours tel quel sur le site d’inscription UTOI)… Les panneaux de l’ONF in situ, mentionnent à justes titres, de nombreuses difficultés (« passages vertigineux, échelles, passages à gué ») et il avait été acté, lors des travaux faits sur le fil de cette crête pentue,- durant 2 ans avant l’ouverture en 2021 -, qu’aucune course n’y pouvait passer. Un dispositif de bio-sécurité oblige les randonneurs à brosser leurs chaussures avant de grimper via la rare forêt primaire de 65 000 ans, non polluée par les espèces envahissantes et exotiques. Une autorisation administrative pour que l’UTG y passe, étonnait.

Tiens, c’est pourtant notre sympathique ami, ordinairement pondéré, et illustre traileur Master 4, Patrick, qui a conçu le parcours de cet UTG en herbe – avec cette entame redoutable pour une épreuve globalement bien plus difficile que le GRR -, lui qui souhaite justement être le 134ème français à grimper au sommet de l’Everest. On le lui souhaite vivement ; mais alors, Patrick, l’entame de ton ascension se fera-t-elle par la nouvelle voie sécurisée de Marc sur les flancs du Nuptse, ou par la plus dangereuse d’avant, traversant la délicate cascade de glace du Khumbu qui cause tant d’accidents ? En tous cas, à plus de 12 000 € le permis, les agences n’ont pas de mal à faire pression sur le gouvernement népalais pour en obtenir, d’autant avec toute l’économie touristique qui s’en suit, cependant que l’inscription à l’UTG est bon marché, et promet aux meilleurs survivants des primes de 4 000 €… A condition de bien passer le fameux « Sentier Marron » au sud, 5.5 km et 1200 D+ très rudes, et de finir en forme par la grande boucle caillouteuse à près de 3 000 m d’alti dans l’ouest, ce qui n’était vraiment pas donné à tout le monde… Et même avec le plan B GRR annoncé suite au barrage préfectoral, c’est pas gagné !

Hautes montagnes plâtrées plus avalancheuses ou tropiques fouettées par de plus puissants cyclones qui accélèrent une dangereuse érosion, dans les 2 cas, le changement climatique rebat les cartes, qui nécessiterait un sérieux recyclage aux encadrants, ou à défaut une anticipation avisée… Ce sont des aléas climatiques, qui déjà en 1997, tuèrent la traversée Passe Montagne, en mai comme l’UTG. Ainsi que le préconise Marc, avec son grand recul dans l’alpinisme, Patrick et Stéphane le Directeur de course, sans doute incités à faire de l’innovant vendeur, auront omis une concertation avec de vieux briscards du trail (comme moi )… Mais le « Puisque je vous dis que c’est moi qui sais ! » ( dessin du Canard) résonne de partout chez les jeunes loups. Afin de débrider les inscriptions à l’UTG, il reste annoncé : « Un nouveau défi personnel à relever accessible à tous ! Pas de nécessité de points qualificatifs ». Pour une épreuve plus difficile que la Diag’, ce n’est pas prudent… Et s’agissant de ce changement de parcours, qui devait à l’évidence s’imposer en préfecture, à 2 mois du départ prévu, on ne parlerait plus d’impréparation de coureurs mais de celle de l’organisateur. Quelle confiance accorder pour la suite ? Communiquer sur des voies inédites mais en réalité impossibles, c’est risqué ; se baser sur de très gros moyens financiers (panneaux publicitaires 4X3, annonces de fortes primes, etc.) peut conduire plus avant l’Ultra-Trail dans un consumérisme coupé des réalités… Pourrait-il finir par se vendre comme un produit ordinaire ? Pétri à la base d’émancipation féconde, finirait-il moulé dans la marchandisation du monde ?

Le risque zéro n’existera jamais en montagne, exigeante voire dangereuse par nature. Dans l’alpinisme, les différences de démarches, par exemple, entre celles d’Ueli Steck et de Reinhold Messner, tendent à orienter des destins opposés… En matière d’Ultra-Trail, – à La Réunion, si nous n’avons ni avalanche ni crevasse et dépassons juste les 3000 m d’alti, en revanche, crues soudaines, chutes de pierre, éboulis massifs, amplitudes thermiques extrêmes, technicités diverses, volcanisme, corsent les progressions en montagnes -, la balance bénéfices/dangers est très largement positive : d’un point de vue médical, les traumatismes articulaires, lésions de divers organes, dérèglements du métabolisme, ont globalement moins d’impacts négatifs que tous les bénéfices pour la santé inhérents à une pratique de l’Ultra-Trail. Cependant, l’engouement pour cette discipline sportive impliquerait une prise de dispositions adaptatives pour en réduire les risques ; et que dans le sillage des élites Jornet et Miller, les figurants, au lieu de continuer à courir juste pour eux-mêmes au milieu des autres, tissent aussi des liens solidaires, réfléchis, libérés d’une consommation éphémère d’un temps sportif, en vue de partager les meilleurs rapports aux montagnes… Tel est le sens de ces quelques lignes d’un dinosaure du trail et autres sports de montagne…

PS : Marc Batard possède d’autres cordes à son arc : artiste peintre, écrivain, conférencier, éducateur de jeunes en difficulté d’insertion « Expédition Fraternité »… Ca aide à entretenir un rapport sensible et sensé, nourri et réfléchi, à toutes les altérités.

Cf. le film réalisé en 2023 par Théo Livet « Everest en partage », sur le retour de Marc Batard, 70 ans, à sa passion d’alpiniste par laquelle il initie une voie d’accès moins dangereuse pour les grimpeurs de l’Everest, susceptible de sauver de nombreuses vies et d’éviter beaucoup de blessés.

Texte et photos Daniel Guyot

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Daniel Guyot
Daniel Guyot est le recordman absolu en termes de Diagonales achevées. En trente ans de grandes traversées depuis la Marche des Cimes, il est le trailer le plus assidu. A 60 ans, Daniel Guyot aura passé la moitié de son existence à courir après celle qui affole son palpitant depuis trois décennies. Une certaine Dame Diagonale. L'histoire de La Réunion étant intimement liée à celle de la Bretagne depuis les origines, il n'est finalement pas si étonnant que ça qu'un Breton le soit également à celles du Grand Raid.

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