Claude Villendeuil est un enfant de la balle. D’abord du ballon rond, le Dionysien tâtant du cuir au sein du club mythique de la Patriote, puis du punching ball, en compagnie de Raymond Gévia au Boxing club du Chaudron. Parallèlement, le natif du quartier Bouvet, à Vauban, s’est élevé au sein de la mairie du chef-lieu, au service des sports à partir de 1994, puis directeur général adjoint des services et désormais chargé de mission sur la programmation des équipements sportifs de la ville.
Assurant l’intérim de la présidence de la ligue de boxe anglaise à la suite du retrait de Bertrand Lorion, le dirigeant de l’UPSD (Union pugilistique et sportive dionysienne) a été élu en bonne et due forme – malgré les recours formulés – à la tête de l’institution le 25 octobre 2020. Avant d’être propulsé à la tête du comité régional olympique et sportif le 17 avril dernier à l’issue d’un scrutin à suspense, face à Adolphe Pépin et avec l’appui de Johan Guillou, arrivé une voix derrière lui au premier tour. Une ascension express dans une période incertaine et peu lisible pour un mouvement sportif complètement bridé par la pandémie.
Tout d’abord Claude Villendeuil, comment avez-vous accueilli les dernières annonces du préfet, en date du 7 mai, concernant la crise sanitaire ?
– Je vous avoue que j’ai été quelque peu interloqué. Et ce pour plusieurs raisons. D’abord, du fait que la pandémie me semble contenue et moins virulente qu’en métropole, j’attendais des mesures spécifiques qui nous permettent de reprendre plus rapidement les entraînements et les compétitions. Or, on nous a livré un calendrier pratiquement calqué sur la métropole. Rien jusqu’au 9 juin puis levée complète à partir du 30 juin. De plus, même avec un couvre-feu décalé à 19 heures, comment voulez-vous planifier une reprise dans les salles ou les terrains de sport en plein air…
On a même l’impression que tous les sports ne sont pas logés à la même enseigne…
– Effectivement, il y a une sorte de discrimination entre les disciplines, plus particulièrement concernant les sports co et les sports de contact. Au Cros, nous représentons une cinquantaine de disciplines. Globalement, on constate que pas grand-chose n’avance, eu égard à notre sérieux et notre professionnalisme sur le plan sanitaire.
Que comptez-vous faire dans les jours qui viennent ?
– Prendre langue avec Jeunesse et Sports avec qui nous sommes constamment en contact, demander une audience auprès du préfet le plus tôt possible et insister auprès de l’agence régionale de santé sur notre probité en matière de protocole sanitaire.
« La volonté de changement était manifeste »
Lorsque vous avez été élu à la tête du Cros, il y a environ un mois, un peu à la surprise générale, vous attendiez-vous à toutes ces difficultés ?
– Bien évidemment, je savais le contexte très difficile et notre souci premier était la reprise des activités. Je dois également reconnaître que ce contexte a certainement influé sur l’élection.
De quelle manière ?
– La volonté de changement était manifeste. Le premier signal date des derniers Jeux des îles à l’île Maurice où la préparation des sportifs a été catastrophique en termes d’organisation. Mais, bien sûr, la pandémie, durement vécue par les sports collectifs et les sports de contact, a eu un rôle non négligeable. Une pandémie durant laquelle l’équipe en place n’avait pas assez pesé dans les prises de décision avec les autorités, préfecture, ministère et agence régionale de santé.
Je ne veux pas tomber sur Monique [Ndlr : Cathala, ex-présidente du Cros, qui ne se représentait pas], j’ai bien conscience des situations très compliquées que vivent les ligues et comités. C’est pourquoi j’entends questionner les présidents des sports collectifs et sports de contact pour que le Cros soit une force de proposition crédible vis-à-vis des pouvoirs publics.
« Montrer l’exemple »
Outre les contacts avec les pouvoirs publics, que comptez-vous faire pour aider vos clubs, ligues et comités ?
– On doit tout faire pour faciliter la reprise, financièrement surtout en aidant les ligues et comités qui se trouvent face à une déperdition de licenciés qui n’ont plus d’échéances à court terme, et aussi de bénévoles qui ne veulent plus s’exposer. Mais on doit avancer, prendre les problèmes à bras le corps et ne pas abandonner en rase campagne tous ces jeunes qui se trouve en déshérence. On constate une très grosse déperdition de motivation et une chute des prises de licences de l’ordre de 40 à 50 %. Que vont devenir ces marmailles qui ne viennent plus s’entraîner dans les clubs ? On parle de 160 000 gamins qui sont livrés à eux-mêmes. Il s’agit d’un enjeu de santé publique.
Programmer les manifestations, mobiliser les compétences, donner l’exemple, on ne peut pas rester les bras croisés. Il n’y rien de pire que d’attendre et ne rien faire. Il nous faut montrer la voie et tracer le chemin vers la sortie de crise.
Propos recueillis par Jean Baptiste Cadet
Photos Pierre Marchal