Loin de l’objectif initial  – trois médailles d’or – les Réunionnais ont ramené une breloque du métal jaune, une autre en argent et cinq en bronze. Le jeune Saint-Pierrois Jami Abdalah et le Dionysien Julien Samourgompoullé ont sauvé l’honneur d’une sélection méritante mais trop inexpérimentée pour lutter dans l’enfer du centre national de boxe.

« C’est vrai, on n’a pas fait mieux qu’en 2003. Mais on n’a pas de boxeur kréopolitain. Et en 2003 à l’île Maurice, la seule médaille d’or est celle de Willy Blain, qui était alors champion du monde. » Raymond Gévia est désormais co-sélectionneur avec ce même Willy Blain, seize années plus tard, et la sélection Réunion repart des Jeux des îles avec une médaille du même métal que celle de Willy Blain, conquise par Jami Abdallah, à peine 20 ans, et qui a la caractéristique d’être entraîné… par Willy Blain.

Certes, le moins de 56 kilos était entré directement en finale mais il avait le redoutable honneur d’affronter un Mauricien dans la 3e finale de la soirée de vendredi, Mikey Denis. « Il a répondu présent en évitant la bagarre, résume Raymond Gévia. Jami est un boxeur très au point techniquement et tactiquement. Il a su gérer parfaitement les trois rounds. » Il existait une once de suspense à l’heure du verdict mais les juges récompensaient un pugiliste déjà très mâture. « Je n’ai rien à dire sur l’arbitrage des finales, complétait le coach. Par rapport aux demi-finales, c’était logique. »

Pas l’habitude du haut niveau

Dans la foulée, le Dionysien Julien Samourgompoullé affrontait en finale des moins de 60 kilos l’expérimenté John Colin. Las, peut-être tétanisé par l’enjeu et l’ambiance hostile, le Dionysien ne pouvait s’exprimer pleinement et laissait l’initiative au Mauricien qui, logiquement, glanait l’or. « C’est toujours difficile pour quelqu’un qui n’a qu’une quinzaine de combats de venir défier un gars comme Colin, poursuit Raymond Gévia. Il faut avoir l’habitude du haut niveau pour garder la tête froide dans un environnement pareil. Notre préparation a été bonne mais pas suffisante. C’est normal. »

Il y a encore quelques mois, au plus fort de la bagarre judiciaire qui opposait ancien et nouveau comité, les techniciens se demandaient s’ils allaient pouvoir bâtir une sélection digne de ce nom. « Nous, avec le comité, on essayait d’avancer, plaide Raymond Gévia. L’ancienne équipe tirait vers le bas et tentait de remettre les compteurs à zéro.  Cette situation était très difficile à vivre, d’autant que nous n’avions pas le financement pour pouvoir nous déplacer. A l’inverse, les Mauriciens ont bénéficié d’un coach cubain et ils sont partis en Chine, en Inde, en Afrique du Sud et à Cuba. Et nous avons sélectionné les meilleurs boxeurs du moment. Mais tant qu’ils ne pourront pas être confrontés régulièrement au haut niveau, soit à l’extérieur, soit en invitant des équipes à La Réunion, on aura toujours du mal à franchir ce palier. »

L’or, l’argent et cinq médailles de bronze (Pasquin, Hoarau, Castel, Jeanson et Ticane) mettent quand même du baume au cœur des sélectionneurs. « Willy et moi sommes très fiers des gars. Ils ont été au bout d’eux-mêmes. Ils sont à féliciter. » Et l’ancien poids plume tricolore ne se cache pas derrière les décisions litigieuses des quarts et demi-finales. « On doit avancer mais aussi se poser les bonnes questions. On ne doit pas faire la fine bouche. Regardez : les Seychelles, grande nation de boxe, n’ont eu aucune médaille d’or. On doit reprendre les bases et avancer tous ensemble. C’est le seul moyen de rivaliser avec les meilleurs. »

Textes: Jean Baptiste Cadet
Photo: Seeven Paradise

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